الأربعاء، ٤ تموز ٢٠٠٧

L’histoire de l’art revisitée : Hassan Musa

L’histoire de l’art revisitée : Hassan Musa

Né en 1951, il est un artiste d’origine soudanaise dont la pratique se situe au croisement des commentaires politique, historique et esthétique. Sa connaissance de l’histoire de l’art, au sens générique, fonde ses allers-retours ironiques sur les notions d’identité, de tradition et d’image. Dans ses peintures, il soulève des questions complexes, liées à l’invisible, au non-dit, à l’essence des objets et des concepts. Ce qui renvoie à une origine géographique, chargée de clichés sociologiques et anthropologiques, ce qui constitue en chacun la part du collectif et qui se trouve désigné comme significatif et exemplaire aux yeux de l’étranger.
La résistance est l’axe central de son travail. Il considère que les expositions réservées aux artistes africains (Africa Remix) sont à l’image des « zoos humains » du 19ème siècle, mais il y participe car ce sont des terrains de parole et d’action politiques.

Sa manière de traiter la question de l’identité africaine est très réaliste. Il ne porte pas le fantasme d’une africanité en devenir. Il fait le constat de la domination culturelle occidentale, de sa capacité d’absorption des autres cultures et du résultat métissé ainsi obtenu : une culture complexe, partagée par tous, une culture du marché capitaliste international, avec des éléments empruntés aux traditions extra-occidentales, arabe, africaine, asiatique. C’est sur cette complexité, les imbrications des différents niveaux de cette culture unique et mondiale à laquelle nul n’échappe, que porte son travail artistique, d’élucidation, de démystification.

L’oeuvre d’Hassan Musa s’inscrit dans la tradition européenne de l’image : ce sont ces images-là qu’il a apprises et travaillé à s’approprier. Les images occidentales représentent pour lui un butin de guerre, une manière de pénétrer le langage de l’ennemi. Sa maîtrise de la calligraphie arabe, de la peinture européenne, de l’aquarelle chinoise constitue un ensemble d’outils propre à lui autoriser une grande liberté dans la recherche et la fabrication de ses images.

Il peint sur des cartes géographiques ou des tissus pré-imprimés. Worship Objects assemble un tissu avec des objets du XIXème siècle et l’image de Sarah Bartman. La « Vénus hottentote » est une jeune sud-africaine emmenée en Europe au XIXème siècle pour y être montrée comme un animal extraordinaire, un phénomène de foire. Demeuré au Musée de l’Homme à Paris, son corps n’a reçu que très récemment une sépulture dans son pays. Ce scandale humanitaire est devenu icône du grand malentendu relationnel Afrique-Occident. Le corps de cette jeune femme a été transformé en image avec une rare violence. Il a été investi comme objet de regards, chosifié. Lorsque l’artiste l’intègre parmi les objets de musée imprimés sur le tissu, il le confirme comme objet de regards, mais le sort du cirque pour le ranger parmi les objets précieux. Il souligne ainsi deux fois son statut déshumanisé.

Dans Great American Nude, sa toile la plus célèbre, il lie la figure de Ben Laden, la peinture de Boucher qui fit scandale, l’Odalisque, et le travail de l’artiste du pop art américain Tom Wesselmann qui a réalisé une série de Great American Nude. Ce raccourci entre l’histoire de l’art et la géopolitique actuelle rassemble trois icônes : celle qui a ridiculisé l’Amérique, l’image des USA comme temple de la consommation et un symbole de la transgression du conservatisme artistique. Ben Laden est un pur produit de la volonté états-unienne de domination du monde qui a échappé à ses maîtres. Le drapeau américain installé comme fond est un symbole d’une force exceptionnelle que les artistes ont souvent illustré. Hassan Musa reprend dans Les Dialogues de la civilisation, les figures de l’Odalisque et de Ben Laden auxquelles il adjoint des putti de la Renaissance italienne. Dans N’ayez pas peur, il figure Ben Laden en pape.

La série intitulée L’art de guérir est inspirée d’un manuel de secourisme, de même que la série L’art du déminage, directement inspirée du tableau des Glaneuses de Millet, toujours peintes sur des tissus imprimés.

Hassan Musa s’inscrit dans la généalogie artistique classique, digne successeur des peintres qui l’ont précédé, lorsqu’il s’intéresse aux figures bibliques : la Bible est le livre du vainqueur, le livre au nom duquel la conquête du monde a été menée, les esclaves ont été déportés, des peuples ont été massacrés et la colonisation s’est installée. La Pieta , thème classique de l’iconographie catholique, des Vierge en douleur tenant le Christ descendu de la Croix sur leurs genoux aux sorties du tombeau, peintes par Titien, Van Gogh, El Greco, Le Pérugin, Giotto ou Delacroix. Saint Georges et le dragon, figure du terrassement, toute dans la violence et l’élan, a, elle aussi, été souvent traitée par les peintres de Paolo Uccello à Raphaël, en passant par Rubens ou Carpaccio. Saint Sébastien sait qu’il va mourir, et décide pourtant d’aller vers la mort, comme les martyrs palestiniens ; c’est la figure par excellence du supplicié, qu’ont représenté Mantegna, Bellini, Botticelli, Hans Memling et Pierre & Gilles.

Hassan Musa dit agir dans une logique de transmission qui consiste à rendre au monde ses images. Les images qu’il transmet sont violentes parce que le monde donne à voir de la violence. Ses images représentent son moyen de défense.

Joëlle Busca
Critique



















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Hassan Musa: una nueva visión de la historia del arte
Por Joëlle Busca (Crítica de arte)
20/06/2007 | Sudán
Nacido en 1951, es un artista de origen sudanés cuya obra se halla en la encrucijada entre el comentario político, el histórico y el estético. Sus conocimientos sobre historia del arte, en sentido genérico, son la base de sus idas y venidas irónicas sobre los conceptos de identidad, de tradición y de imagen.
En sus cuadros, plantea cuestiones complejas, vinculadas a lo invisible, a lo implícito, a la esencia de los objetos y de los conceptos. Todo ello nos lleva a un origen geográfico, cargado de clichés sociológicos y antropológicos, lo que en cada uno representa la parte de lo colectivo y que se designa como significativo y ejemplar a ojos del extranjero.
La resistencia es el eje central de su obra. Considera que las exposiciones reservadas para artistas africanos (Africa Remix) son la viva imagen de los ''zoos humanos'' del siglo XIX, pero participa en ellas porque son un campo de batalla para la palabra y la acción políticas.

Su modo de tratar la cuestión de la identidad africana es muy realista. No es partícipe de la fantasía de una africanidad en transición. Es consciente de la dominación cultural occidental, de su capacidad de absorción de las demás culturas y del resultado mestizo que se obtiene con ello: una cultura compleja, compartida por todos, una cultura del mercado capitalista internacional, que toma elementos de las tradiciones extraoccidentales, árabe, africana, asiática.
Su obra artística, de esclarecimiento, de desmitificación, trata sobre esa complejidad, las estrechas relaciones entre los diferentes niveles de esta cultura única y global a la que nadie es ajeno.

La obra de Hassan Musa forma parte de la tradición europea de la imagen: ésas son las imágenes que aprendió y trabajó hasta hacerlas propias. Las imágenes occidentales representan para él un botín de guerra, un modo de penetrar en el lenguaje del enemigo. Su dominio de la caligrafía árabe, de la pintura europea, de la acuarela china, le proporciona un conjunto de instrumentos que le permiten una gran libertad para la búsqueda y la fabricación de sus imágenes.

Pinta sobre mapas o telas estampadas. Worship Objects contiene tanto una tela como objetos del siglo XIX y la imagen de Sarah Bartman. La ''Venus hotentote'' es una joven surafricana llevada a Europa en el siglo XIX para exhibirla como si fuera un animal exótico, un mono de feria. Permaneció en el Museo del Hombre en París, y su cuerpo no recibió sepultura en su país hasta hace muy poco tiempo.
Este escándalo humanitario se convirtió en un icono del gran malentendido en las relaciones entre África y Occidente. El cuerpo de esta joven fue convertido en imagen con una inusual violencia. Lo transformaron en objeto de miradas, en algo cosificado. Al integrarlo el artista entre los objetos de museo estampados en la tela, lo ratifica como objeto de miradas, pero lo saca del circo para colocarlo entre objetos valiosos. Con ello, hace doble hincapié en su naturaleza deshumanizada.

En Gran Desnudo Americano, su lienzo más famoso, vincula la imagen de Ben Laden, el cuadro de Boucher que desató un escándalo, La odalisca, y la obra del artista pop estadounidense Tom Wesselmann, que realizó una serie de Gran Desnudo Americano. Esta síntesis entre la historia del arte y la geopolítica actual reúne tres iconos: el que ridiculizó a Estados Unidos, la imagen de los EE.UU como templo del consumo y un símbolo de la transgresión del conservadurismo artístico.
Ben Laden es un simple producto de la voluntad estadounidense de dominación del mundo que se le fue de las manos a sus amos. La bandera estadounidense empleada como fondo es el símbolo de una fuerza excepcional que los artistas han representado con frecuencia. En los Diálogos de la civilización, Hassan Musa retoma las imágenes de la Odalisca y de Ben Laden, a las que añade putti del Renacimiento italiano. En No tengáis miedo, aparece Ben Laden como papa.

La serie titulada El arte de curar se inspira en un manual de socorrismo, al igual que la serie El arte de retirar minas, directamente inspirada del cuadro Las espigadoras de Millet, siempre pintadas en telas estampadas.

Digno sucesor de sus pintores predecesores, Hassan Musa se adentra en la genealogía artística clásica al interesarse por las imágenes bíblicas: la Biblia es el libro del vencedor, el libro en cuyo nombre se ha conquistado el mundo, se ha deportado a los esclavos, se han masacrado pueblos y se ha implantado la colonización.
La Piedad , tema clásico de la iconografía católica, Vírgenes dolientes sustentando a Cristo bajado de la Cruz en sus rodillas a la salida de la tumba, pintadas por Tiziano, Van Gogh, El Greco, El Perugino, Giotto o Delacroix. San Jorge y el dragón, imagen del triunfo, con su violencia y su vigor, también ha sido empleada con frecuencia por los pintores, de Paolo Uccello a Rafael, pasando por Rubens o Carpaccio. San Sebastián sabe que va a morir, y sin embargo decide ir hacia la muerte, como los mártires palestinos; es la imagen por antonomasia del tormento, que fue representada por Mantegna, Bellini, Botticelli, Hans Memling y Pierre et Gilles.

Hassan Musa dice actuar desde una lógica de transmisión que consiste en devolverle al mundo sus imágenes. Las imágenes que transmite son violentas porque el mundo muestra violencia. Sus imágenes son su mecanismo de defensa.
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