« Ceci n’est pas une calligraphie ! »
Ce que j’entends par calligraphie ?
C’est l’art de la belle écriture. Mais toutes les écritures sont belles dès lors que l’on consent à les regarder indépendamment des écritures consacrées comme calligraphies.
Toute écriture personnelle porte à travers sa particularité (ses manières, ses manies) son projet calligraphique de même que toute démarche porte à travers sa spécificité gestuelle son projet chorégraphique.
Toute écriture personnelle rêve d’être belle. Nombreuses aspirent à intégrer la beauté reconnue des modèles accomplis mais certaines rêvent secrètement d’explorer le jardin défendu de la libre écriture plastique : ce sont celles qui fondent les nouvelles calligraphies.
Si l’art de la calligraphie semble parfois sombrer dans l’accomplissement d’artifices décoratifs c’est que les calligraphes préfèrent les jeux sans risques des maîtres-artisans aux aventures périlleuses auxquelles pourrait les entraîner un engagement dans les sentiers non balisés des écritures personnelles.
Les pionniers de la calligraphie ne disposaient que de leur propre écriture comme modèle pour leur création plastique. Une fois consacrée, leur écriture est devenue un modèle pour les artisans calligraphes.
Mais en s’arrêtant là où les pionniers avaient déposé leur propre écriture comme modèle pour la postérité, les artisans-calligraphes ont troqué l’art contre une postérité reconnue quoique incertaine et ont abandonné leur terrain de recherche aux graphologues qui, eux, semblent très intéressés par l’écriture personnelle en tant que telle.
Or, si les graphologues jouissent d’une certaines crédibilité, c’est parce qu’ils explorent systématiquement les particularités des écritures comme autant d’indices révélateurs d’une personnalité. En cela, la graphologie est inquiétante car en nous dénonçant devant l’Autorité, elle « empoisonne » notre écriture personnelle. D’une certaine manière elle dit : »Votre écriture est votre signe (voire votre signature). Elle pourrait être retenue contre vous ! »
Mais la démarche des graphologues est intéressante car elle offre un nouvel horizon à la calligraphie en multipliant à l’infini les projet calligraphiques personnels.
Habiliter l’écriture personnelle en projet esthétique est une stratégie nécessaire pour redonner à l’écriture la gravité d’un geste esthétique ouvert à tous les risques ! C’est également une manière efficace de brouiller les pistes de la lisibilité définitive.
Hassan MUSA
1994
Ce que j’entends par calligraphie ?
C’est l’art de la belle écriture. Mais toutes les écritures sont belles dès lors que l’on consent à les regarder indépendamment des écritures consacrées comme calligraphies.
Toute écriture personnelle porte à travers sa particularité (ses manières, ses manies) son projet calligraphique de même que toute démarche porte à travers sa spécificité gestuelle son projet chorégraphique.
Toute écriture personnelle rêve d’être belle. Nombreuses aspirent à intégrer la beauté reconnue des modèles accomplis mais certaines rêvent secrètement d’explorer le jardin défendu de la libre écriture plastique : ce sont celles qui fondent les nouvelles calligraphies.
Si l’art de la calligraphie semble parfois sombrer dans l’accomplissement d’artifices décoratifs c’est que les calligraphes préfèrent les jeux sans risques des maîtres-artisans aux aventures périlleuses auxquelles pourrait les entraîner un engagement dans les sentiers non balisés des écritures personnelles.
Les pionniers de la calligraphie ne disposaient que de leur propre écriture comme modèle pour leur création plastique. Une fois consacrée, leur écriture est devenue un modèle pour les artisans calligraphes.
Mais en s’arrêtant là où les pionniers avaient déposé leur propre écriture comme modèle pour la postérité, les artisans-calligraphes ont troqué l’art contre une postérité reconnue quoique incertaine et ont abandonné leur terrain de recherche aux graphologues qui, eux, semblent très intéressés par l’écriture personnelle en tant que telle.
Or, si les graphologues jouissent d’une certaines crédibilité, c’est parce qu’ils explorent systématiquement les particularités des écritures comme autant d’indices révélateurs d’une personnalité. En cela, la graphologie est inquiétante car en nous dénonçant devant l’Autorité, elle « empoisonne » notre écriture personnelle. D’une certaine manière elle dit : »Votre écriture est votre signe (voire votre signature). Elle pourrait être retenue contre vous ! »
Mais la démarche des graphologues est intéressante car elle offre un nouvel horizon à la calligraphie en multipliant à l’infini les projet calligraphiques personnels.
Habiliter l’écriture personnelle en projet esthétique est une stratégie nécessaire pour redonner à l’écriture la gravité d’un geste esthétique ouvert à tous les risques ! C’est également une manière efficace de brouiller les pistes de la lisibilité définitive.
Hassan MUSA
1994